Après une si longue interruption dans le fil du débat, peut-être faudrait-il commencer par une petite synthèse.
Dans ce forum, plusieurs posts peuvent se rattacher à cette problématique : le post actuel, dans la rubrique "Idées reçues", "le gladiateur choisit ses armes?", dans la rubrique" l'âge d'or", "plusieurs armature pour un gladiateur? et encore un autre qui m'échappe (voir une intervention de BLASTUS..
En essayant d'être concis, rappelons d'abord l'hypothèse développée par Brice LOPEZ et Eric THEYSSIER dite du "Cursus Honorum" : Les gladiateurs suivent un cursus progressif, basé sur la complexité et la technicité croissante des manières de combattre dans chaque Armaturae. Chaque débutant commence par être Provocator, dont la technique très polyvalente permet de déterminer les qualités naturelles du "Tiro" et de l'orienter vers les Scuttati ou les Parmati puis se spécialiser. Dans chacune des branches, il peut alors progresser dans la hiérarchie , Thrace-hoplomaque pour l'une , Mirmillon pour l'autre, avant d'atteindre le sommet, si ses qualités le permettent, Rétiaire pour l'une , Sécutor pour l'autre.
En résumé, les Provocators sont le bas de l'échelle, l'armaturae des débutants, les rétiaires/Sécutor sont le summum de la technicité, les armaturae des meilleurs.
Plusieurs intervenants ont défendu cet avis : notamment XANTUS (pseudo de Brice LOPEZ), ACHILLIA et DEPROSAGIOS. D'autres ont apporté la contradiction : principalement M.CAELIUS, BLASTUS et CUPIDO (intervenant allemand s'exprimant en anglais).
Pour ma part, j'ai été particulièrement sensible aux arguments désignant l'armatura des Provocators comme étant celle qui pouvait (qui devait...) servir à l'initiation d'un nouveau gladiateur.
D'abord , il faut bien commencer par quelquechose et les techniques de base (postures, déplacement, frappes) peut parfaitement s'étudier efficacement en "provocator.
Ensuite, l'expérience "physique" du combat (chère à XANTUS et ACHILLIA), la pratique et son ressenti m'ont permis de penser que l'armement du Provocator était vraiment à mi-chemin (nature, poids, encombrement, couverture...) entre les Scutati et les parmati, mais plus encore sa technique de combat (déplacements, percussions...) permettait réellement de percevoir les deux "sensiblités" et même de les expérimenter.
Ceci étant dit, je n'ai pu qu'adhérer à l'intervention de BLASTUS, dans ce post, comparant la gladiature à l'escrime moderne, en précisant que le Fleuret était l'arme obligée des débutants mais qu'après spécialisation, Sabre, Epée et Fleuret se retrouvaient à "armes" égales (si je peux me permettre) et qu'un champion olympique de Sabre n'avait ni plus , ni moins de gloire qu'un champion olympique de Fleuret. Bien évidemment il faut préciser que cette comparaison souffre de l'anachronisme de la juxtaposition. Mais elle permet, (d'une manière un peu artificielle, c'est vrai) de transposer le problème dans un contexte contemporain proche et accessible à l'homo informaticus, car si l'homme actuel, tout comme l'homme antique a toujours deux bras et deux jambes , il a changé considérablement de mentalité.
En l'absence de toute preuve scientifique ou archéologique, vous l'avez compris, je ne suis pas opposé aux arguments en adéquation avec mon ressenti de la pratique du combat et respectant une certaine logique. Mais, même si intellectuellement je comprends le raisonnement qui induit l'hypothèse du "Cursus Honorum", j'ai beaucoup de mal à l'admettre car il me parait contraire à beaucoup d'éléments connus, trop complexe et théorique et surtout complétement inutile au bon fonctionnement de la gladiature. Et on sait l'importance de l'utilité des choses, lorsqu'elles doivent apparaitre et/ou se maintenir dans un contexte.
Voila le dossier réouvert et ce vaste sujet remis à l'ordre du jour.
Pour tous les chercheurs et les pratiquants, il est important d'en débattre afin de se faire sa propre idée,mais ayant présent à l'esprit, le principe qu'aucune hypothèse ne peut devenir un dogme avant d'être prouvée scientifiquement.