Le titre de ce post est en fait, plus une interrogation qu’une affirmation. Cela fait suite à une discussion avec Dario BATTAGLIA sur la gladiature grecque.
Je profite donc du nouveau chapitre ouvert sur la gladiature républicaine pour exposer ce que j’ai compris de Dario (en espérant éviter les faux sens – je ne suis pas très familiarisé avec l’italien). Peut-être que d’autres personnes pourront compléter et corriger ce premier jet.
Si j’ai bien compris, Dario fait remonter la gladiature romaine à la gladiature grecque. Celle-ci comprendrait 3 catégories :
• L’hoplomachos qui se caractérise par son grand bouclier
• Le Thyreamachos avec un bouclier moyen
• Le peltaste avec un petit bouclier rond et courbé
Peut-être, ce qui me gène le plus dans cette théorie, c’est l’utilisation du mot gladiature pour définir ce qui m’apparait être qu’une discipline d’entrainement militaire chez les grecs. Dans la gladiature, il y a une connotation spectacle. Pourtant, Platon dans son livre VIII des lois indique bien que ces entrainements militaires devaient prendre place au cours de fêtes pour que les citoyens puissent faire l’éloge des uns ou la critiques des autres. Il évoque même une juste distribution de récompenses pour les uns et d’ignominies pour les autres.
De façon assez intéressante, il préconise que les armes utilisées (armes de jet) devaient être le plus approchant des véritables, afin que les atteintes ne soient pas tout à fait sans danger et que la crainte entre pour quelque chose dans ces divertissements. L’éventualité d’un mort au cours de ces jeux est même étudiée du point de vue de ces conséquences légales.
Il y a bien un aspect public et également l’utilisation du terme divertissement…
Toujours chez Platon, on trouve la définition des différentes armatures. Certains en voient 3, personnellement j’en vois 2 de clairement désignées : Hoplomachie et la peltastique
Hoplomachie est la discipline la plus pesante. Cette escrime est exercée un contre un, deux contre deux, …, jusqu’à 10 contre 10. Dans une comparaison avec les disciplines athlétiques, il la met en parallèle avec la lutte.
La peltastique est, elle, comparée au pancrace. On combattra couvert de petits boucliers échancrés, se lançant des flèches, des javelots et des pierres, soit avec la main soit avec la fronde.
La comparaison avec le sport est intéressante car elle présente l’hoplomachie comme une discipline où l’on cherche par la force à retourner son adversaire et la peltastique une discipline où l’on porte des coups.
L’hoplomachie m’apparait donc comme étant la science du combat en phalange (je ne retrouve plus le passage où Platon disserte sur la notion de science pour définir l’hoplomachie). Limiter l’hoplomachie à l’aspect pesanteur et à la taille du bouclier me semble être une erreur. Si c’est une discipline d’escrime, ce qui la caractérise avant tout, c’est l’utilisation de la lance et la pression du bouclier.
En ce qui concerne la thyreamachos, j’ai un peu de mal à cerner le sens.
Thyreos est le terme qui désigne le bouclier des gaulois et des romains par les auteurs grecs (Plutarque, Polybe, Flavius Joseph…)
Dans le contexte grec, on en trouve trace dans Plutarque dans la vie des hommes illustres au sujet de Philopoemen. En fait, il y est surtout indiqué que Philipoemen fit abandonner l’usage des thyreos, « boucliers très-faciles à manier parce qu’ils étaient fort minces, mais trop étroits pour leur couvrir tout le corps ». En définitive, il fit abandonner le combat en voltigeurs pour revenir à la phalange.
Le terme de thyreos est également utilisé par Pausanias (Livre X chap 20 et suivants) pour désigner les boucliers gaulois (de Brennos) si différents de ceux des grecs et si fragiles.