Les origines de la médecine :Rome vit tout d'abord dans six siècles d'obscurantisme médical total.Uniquement basé sur des libations et des incantations, la médecine romaine des premiers temps est ridiculement primitive par rapport à leurs voisins Grecs.
(Caton l'Ancien parle de tout soigner avec du chou et du vin. )
Le premier médecin arrivé à Rome ( un Grec ) est attesté en 154 av JC. Les premiers médecins furent Helléniques donc, mais aussi Juifs.
Au départ venus de manière sporadique de leur plein gré pour trouver une meilleure clientèle que dans leur pays, Jules César en 49 av JC les invita à venir plus nombreux en les appâtant avec le droit de Cité. Il y eut ensuite à partir du IIème siècle ap JC une foule de déportations de prisonniers politiques Grecs afin de pallier au manque de médecins à Rome.
Le Grec restera la langue officielle de la médecine. Les ordonnances,les ouvrages et même les unités de mesures sont grecques. Avoir un patronyme grec est pour un médecin ( même Romain ) une preuve desérieux appâtant le client.
A noter : les Romains ont toujours été méfiants vis-à-vis du corps médical. Parmi le peuple, les médecins sont sujets de moqueries et de mimes sarcastiques au théâtre. Et plus de sept siècles après l'arrivée des premiers médecins à Rome, on trouve encore des Patriciens érudits convaincus de leur inutilité etprétendant pouvoir se soigner sans médecins ni remèdes.
La condition sociale des médecins :Les esclaves : Soit un médecin étranger réduit en esclavage et exerçant, soit un esclave formé par son maître à exercer ce métier.
A noter : les esclaves médecins avaient un sort préférable aux autres. Ils disposaient d'une certaine liberté de mouvement, et tissaient souvent avec leur maître des liens pouvant aller jusqu'à l'amitié sincère.
Les affranchis :Esclave ayant racheté sa liberté ou ayant été libéré de ses obligations. Il a en contrepartie le devoir de soigner à vie son ancien maître et les amis de celui-ci gratuitement.
Les citoyens :Un citoyen devenait médecin par vocation, par appât du gain ou par hérédité.
Il existe un mépris des classes puissantes pour ceux qui exercent la médecine libéralement. C'est une place bâtarde entre artisanat et intellectuel.
Les études :Les études de médecine débutent vers 16 ans. Elles durent normalement4 ans.
Des charlatans proposent des formations express en 6 mois, d'autres au contraire se spécialisent des années avant d'exercer ( 12 ans pour Galien ).
Ces charlatant adeptes de formations express ( voire pas de formation du tout ) causent beaucoup de tort aux vrais médecins : ils font erreur médicale sur erreur médicale, aggravent les cas plus qu'ils ne les soignent, traînent leur réputation de boucher et se déplacent pour éviter les problèmes. Cela contribue grandement au mythe du médecin assassin dont les Romains se méfient.
L'enseignement peut être privé ( auprès d'un Maître prenant un disciple sous sa coupe ) ou public ( en école ).
L'élève pouvait se perfectionner en effectuant des stages auprès d'unMaître, ou en achetant / empruntant des ouvrages sur le sujet.
A l'issue de leurs études, les médecins prêtent le Serment d'Hypocrate.
Les disciplines abordées avant les cours de médecine :
- La rhétorique ( l'art de savoir s'exprimer )
- La philosophie ( ancêtre de la psychologie dans la relation patient / médecin )
- La musique ( utilisée en tant que thérapie pour soigner quelques pathologies, notamment des cas de démence, avec succès apparemment )
Les disciplines abordées en cours de médecine :
- La pharmacologie
- La toxicologie ( nombreux étaient les empoisonnements à cette époque )
- La dissection ( surtout sur des singes, proches de l'Homme, ou sur des cadavres pendant un temps. Cicéron atteste même des dissections effectuées sur des criminels vivants. Cette barbarie sera plus tard interdite. )
- La vivisection.
Le corps médical :
- Les généralistes ( au début, tous les médecins le sont. Par la suite, ils comprirent que face à la concurrence, mieux valait se spécialiser. )
On distingue deux types de spécialisation :
Par la pathologie traitée :
Les oculistes, dermatologues, ORL, chirurgiens, masseurs (
unctor ), gynécologues,apothicaires...
Parle traitement apporté :
Les herboristes ( ne soignent qu'avec des plantes ), les diététiciens,les kinésithérapeutes (
iatraliptes,soignant avec des massages ciblés et énergiques ), les hydrothérapeuthes ( adeptes des bains froids, ce qui a sauvé l'Empereur Auguste ).
En marge de tous ces corps de métier, on trouve les infirmiers,assistants, disciples, sages-femmes...
Les lieux de travail :Le médecin aisé possédait son propre cabinet médical, composé,comme de nos jours, par une salle d'attente, un cabinet de consultation, une officine où il préparait ses remèdes. Il n'était pas rare qu'un médecin garde à son domicile un patient dont l'état n'est pas stable. C'est une preuve de professionnalisme appréciée des malades.
Si le médecin n'a pas de cabinet, il est appelé
clinicus,et ne fait que des visites à domicile, tout comme un médecin de campagne.
Les femmes médecins :
D'abord simples assistantes ou sage-femmes, elles sont ensuite souvent gynécologues (
pudicae envers le sexe féminin qui ne doit pas être montré aux Hommes ) ou obstétriciennes. Le sang menstruel faisant très peur aux Hommes, ils préfèrent en effet ne pas y toucher ( superstition de liquide maudit entraînant la stérilité ou la mort ).
On a aussi des preuves de femmes médecins, ayant suivi des cours aux côtés des Hommes. Elles paraissent avoir surtout exercé en gynécologie, sexologie ( avortements thérapeutiques, stérilité,problème de couples.. ) ou comme conseillères en cosmétiques médicaux ( anti-ride, etc.. )
L'ancêtrede la Sécurité sociale :Les plus pauvres ne payaient pas le médecin. Celui-ci était embauché et payé par l'Etat, et faisait en continu sa tournée dans les quartiers les plus défavorisés, à la demande ou de son propre chef pour des visites de contrôle. De temps en temps, l'Etat envoyait un jury pour contrôler le bon déroulement de son travail. Etaient appelés à témoigner ses anciens patients.
Avantages/ Inconvénients de la profession :Les avantages :
- Liberté tarifaire
- Clientèle nombreuse
- Exemption du service militaire
- Abattement d'impôts
- Exemption de certaines charges à vie
- Protection juridique
- Récompenses ( cadeaux, dons, legs etc.. )
- Espoir d'affranchissement pour un esclave
- Local parfois subventionné par l'Etat
Les inconvénients :
- La contagion ( Espérance de vie réduite au contact des malades. Nombreux sont les médecins ne dépassant pas 25 ans ).
- Concurrence féroce ( coups bas et haine pouvant aller jusqu'au meurtre )
- Problèmes des charlatans qui avilissent la profession
- Risque d'être mêlé à de sordides intrigues ( provoquer une mort pour un héritage, pratiquer un avortement illégal, etc.. )
Les interdits de la profession :
- L'avortement sans raison médicale
- La vente de produits dangereux
- La castration
- La circoncision d'un non-Juif
- La faute professionnelle par malveillance ou ignorance coupable
Sanctions pénales encourues :La Lex Aquilia de 286 av JC met en place des responsabilités pénales pour les médecins peu scrupuleux. Ils sont dès lors responsables de leurs actes devant la loi.
- Pour une faute d'ignorance coupable ayant entraîné la mort ou la folie : le médecin esclave est mis à mort, le médecin libre est exilé.
- Pour complicité criminelle ( fournir du poison, laisser mourir un malade ), le médecin est mis à mort.
- Pour un avortement de complaisance sans raison médicale, mise à mort.
- Pour une castration, ou la circoncision d'un non-Juif : un esclave est mis à mort, un homme libre exilé et tous ses biens confisqués.