Plaque de terre cuite sculptée, 1er siècle de notre ère,montrant une scène de venatio. Antiquarium de Milan, Italie.Les Bestiaires étaient certes pour certains des professionnels ( l'école Ludus Matutinus , de Rome, était d'ailleurs spécialisée dans la formation de Bestiarii ), mais leur statut n'est pas aussi prestigieux que celui des gladiateurs; j'entend par là : d'hommes combattant d'autres hommes. Le fait qu'ils combattent des fauves ( ou des animaux tout à fait innocents, tels des antilopes ou des lapins ) les place à un rang nettement inférieur à celui des Mirmillons, Thraces etc...
Néanmoins, le public appréciait tout de même les spectacles de venationes ( les chasses ), d'autant plus qu'afin de compenser la qualité moindre en terme de combat par rapport aux gladiateurs, les organisateurs de chasses misaient sur l'aspect visuel, où le spectaculaire était de mise : Décors somptueux ( bioramas reconstitués, telle une jungle, un océan ou un désert, à grands renforts d'arbres et de rocailles importés ) des animaux par milliers ( les Romains sont d'ailleurs responsables avec leurs chasses de l'extinction de bien des espèces animales, citons par exemple l'hippopotame nain d'Egypte )...
Les venationes se déroulaient toujours le matin lors de Jeux.
Rappelons l'effet de crescendo en matière de programmation lors des Ludi :
- Matin : Chasses ( venatione )
- Midi : Exécution des condamnés à mort ( Meridiani )
- Après-midi : Combats de gladiateurs.
La date exacte de la première venatione est inconnue, mais on trouve une mention datant de 251 av. JC lorsque L. Mettelus exhiba 142 éléphants qu'il avait ramené de Sicile après sa victoire sur les Carthaginois.
En 168 av JC, les édiles P. Cornelius Scipio Nasica et P. Lentulus offrent en spectacle 63 panthères, 4 ours et des éléphants. Depuis cette époque, les affrontements de bêtes sauvages font partie intégrante des Jeux du Cirque.
Les damnatio ad bestias ne sont pas des Bestiaires :Il convient toutefois de distinguer deux sortes de combattants dans cette catégorie : tout comme, dans la gladiature, il y a les professionnels et les damnatio ad gladium ( qui ne sont rien d'autres que des condamnés à mort envoyés aux arènes uniquement pour s'y faire tuer, ce qui ne fait pas d'eux des gladiatores ), il faut également bien faire la distinction entre les damnatio ad bestias ( condamnés aux bêtes ), qui eux aussi n'ont rien à voir avec des professionnels formés dans des écoles, mais ne sont que des criminels destinés aux lions. Ils affrontaient les bêtes nus ou à peine armés d'une lance, et en aucun cas ne sortaient vivants de l'arène.
Une différence entre Bestiaires et Venatores :Beaucoup de théories fumeuses circulent sur le sujet des chasseurs.
On note en effet une différence entre venatores et bestiaires, ne serait-ce qu'au niveau de l'équipement : les uns n'ont qu'une simple tunique et une lance, les autres possèdent de véritables cuirasses, des armes type glaive, des ocrea, manica et autres protections.
La plus cohérente de toutes les hypothèses sur le sujets est sans conteste celle de Kevin Kazek, rattaché au Musée de Metz, et selon qui les venatores seraient des "légers" et les bestiaires des "lourds", comme en gladiateurs. Toujours cette recherche des contraires, cette technicité demandée, ce principe des contraires. A ceci près que dans le cas des chasses, les combattants ne s'affrontent pas entre eux mais se battent contre des animaux.
On peut néanmoins supposer qu'il y avait des partisans des lourds comme des légers, peut-être même des paris parmi la foule.
Des adjoints précieux : les Paegniari.Les Paegniari, souvent assimilés à de simples bouffons, prennent lors de chasses une dimension plus importante. Véritables superviseurs des combats ( toujours selon K. Kazek ), ils sécurisent les affrontements ou excitent des bêtes trop passives.
Ainsi, leur fouet, qu'ils font claquer au sol ou sur les bêtes, les incite à attaquer ( spectacle relancé ) et leurs boudins de protection, notamment celui du bras, servirait à attirer à eux une bête trop agressive le temps éventuellement que le gladiateur trop vite renversé reprenne pied ( spectacle prolongé ).
Voir la rubrique consacrée aux Paegniari pour plus de précisions.